Risques réels et fantasmés liés à l'auto-stop
- Adrien
- 6 janv. 2017
- 5 min de lecture
Je l'ai déjà évoqué dans d'autres posts, l'auto-stop fait peur... Il fait peur à ceux qui n'en n'ont jamais fait, il fait peur aux conducteurs, et il peut même faire peur à d'anciens auto-stoppeurs qui ont depuis rangé leurs pouces au fond de leur poches. Même si la plupart des reproches qui lui sont fait sont infondés, faire du stop peut potentiellement présenter certains risques qu'il est non négligeable de connaître avant de partir. Je vais donc essayer dans cet article de démythifier un peu certaines critiques illégitimes, mais également rappeler quelques consignes de base qui vous permettront de limiter la casse! Encore une fois je m'exprime en fonction de mon vécu, malheureusement uniquement français car je n'ai toujours pas eu la possibilité de voyager en stop à l'étranger!
Pourquoi l'auto-stop fait peur?
Je pense que si tant de gens flippent à l'idée que leur rejeton se mette à voyager en stop, c'est à cause du côté incontrôlable de la chose. En effet l'auto-stop laisse place à une grande part d'imprévu, ainsi il est difficile et sans intérêt de vouloir planifier un voyage de A à Z en stop.
Qu'est-ce qui me dit que je ne vais pas rester bloqué sur cette portion de nationale à la nuit tombée? Où est ce que je dormirai cette nuit? Voilà le genre de questions qui peuvent effleurer l'esprit d'un stoppeur au crépuscule. C'est cette période de la journée qui vient nous rappeler que ce que nous considérons pour acquis depuis toujours ne l'est pas forcément pour tout le monde. Avoir un toit, un endroit où manger et se mettre à l'abri sont des choses qui prennent un sens nouveau même après quelques journées d'itinérances.
Par projection, l'entourage d'un auto-stoppeur se pose les mêmes questions et... flippe. Et peut faire peur à de nombreuses personnes voulant voyager en stop!
D'où la nécessité de ne pas trop être gourmand pour les premières distances. Il vaut généralement mieux s'arrêter dans une ville qui ne devait être qu'un point de passage plutôt que de tenter de rallier à tout pris l'objectif initial au risque de se faire surprendre par la nuit. La nuit est rarement l'ami de l'auto-stoppeur : elle le met en danger si celui-ci n'est pas bien visible, et limite le nombre d'usager de la route enclin à le laisser monter.
Pour éviter donc ce premier risque lié à l'auto-stop qu'est l'absence de toit, mieux vaux donc tenter de repérer autour de soi des lieux propices au bivouac, ou a défaut un camping, un hôtel, des possibilités de Couchsurfing ou de Trustroots...
La nuit n'est pas le seul facteur environnemental dangereux en stop. En fait, tout ce qui risque de diminuer la visibilité du conducteur risque d'être un danger pour l'auto-stoppeur. Brouillard, pluie, neige sont des conditions météorologiques pouvant altérer la visibilité du conducteur. Si tu n'es pas clairement visible, tu te mets en danger sur le bord de la route et tu mets potentiellement les conducteurs en dangers qui te remarqueraient trop tard. Personnellement, je voyage systématiquement avec un gilet jaune réfléchissant dans mon sac, que je n'hésite pas à mettre dans ces conditions.
Pour finir avec les dangers ''routiers'' de l'auto-stop, j'ai pris pour habitude de toujours observer l'environnement autour d'un spot de stop. J'évite systématiquement tout les endroits qui ne me permettent pas de de me déplacer rapidement... Je m'explique : rester accolé à un mur juste à côté d'une route ne me met absolument pas en confiance. Si une voiture venait à chasser devant moi ou à faire un écart de route, je serai dans l'incapacité de l'éviter. Bref, il vaut mieux toujours avoir dans un coin de sa tête les pires des éventualités pour pouvoir mieux les éviter. Le tout en évitant de tomber dans la paranoïa. Et si tu tombes sur un conducteur qui ne t'inspire pas, qui semble bourré, ou qui conduit trop dangereusement pour toi, ben demandes à te faire déposer là où tu seras en sécurité le plus tôt possible. Mieux vaut galérer une heure de plus à trouver un conducteur, plutôt que de se manger un platane à 130 parce que ton pilote a voulu faire de l’esbroufe.
Ce qui nous amène aux dangers humains de l'auto-stop, ceux qui font généralement le plus peur... Dans la culture populaire (films, séries, romans) les auto-stoppeurs sont soit les futurs victimes d'un serial-killer ou d'un violeur, soit eux-mêmes de dangereux psychopathes... Alors qu'en est-il vraiment?
Eh bien figure-toi que dans l'extrême extrême extrême majorité des cas, ton conducteur s'appellera Pierre, Paul ou Jacques, Anne, Sophie ou Germaine. Il ou elle sera boulanger, chef d'entreprise, artisan, professeur... et aussi dingue que ça puisse paraître, il ou elle n'a jamais tué personne!!
Ça fait un an que je voyage en stop, j'ai fait 4000 kilomètres, rencontrés plus de 100 conducteurs, et je n'ai pas croisé un seul foutu malade mental ! Alors attention, je ne dis pas que ça n'arrivera jamais, je dis juste que sur ma petite expérience, je ne suis encore jamais vraiment mal tombé...
Ce que je veux dire, c'est qu'il y a toujours un risque. Dans chaque geste que tu fais chaque jour, tu te mets d'une façon ou d'une autre en danger. Les dangers relatifs au stop sont assez subjectifs finalement. Pour moi, il va être plus risqué de sortir de boîte bourré dans certaines villes que de faire du stop en journée. Pour d'autres ce sera l'inverse...
Bien sur que les mauvaises rencontres sont possibles! Mais les gens qui s'arrêtent pour te prendre en stop sont presque toutes de bonnes âmes charitables qui veulent t'aider! Et puis n'oublies pas que la notion de risque est présente des deux côtés : autant l'auto-stoppeur ne sait pas dans la voiture de qui il monte, autant le conducteur ne sait pas qui il laisse monter dans sa propre voiture. Ce qui permet de voir des stratégies de protection similaires des deux côtés. On m'a parfois conseillé de prévenir le conducteur que j'avais donné sa plaque d'immatriculation à mes proches, histoire qu'il ne m'arrive rien de méchant, mais je ne l'ai jamais fait... Par contre, une fois, une femme nous a signalé à mon ami Thomas et moi, qu'elle avait prévenue sa sœur en lui disant qu'elle avait pris deux auto-stoppeurs, au cas où il lui arriverait quelque chose! Bon, elle a vite compris qu'on n'étaient pas méchants, et elle nous aurait bien emmené plus loin si elle avait pu finalement... comme quoi!
Tout ça pour dire que OUI, les risques existent en faisant de l'auto-stop. Non, il ne sont pas totalement contrôlables. Mais en prendre conscience est déjà un premier pas pour les éviter. OUI, tu peux mal tomber, et l'enceinte d'un véhicule clos roulant même à vitesse modérée, est un lieu d'où l'on s'échappe difficilement. Cependant, les accidents ou violences impliquant des auto-stoppeurs en France restent rares, mais font les choux gras des médias à chaque fois pour leurs côtés sordides. Après, j'ai peut être la naïveté de croire qu'être un mec d'1m85 me protège un peu plus que d'autres auto-stoppeurs...
Et puis, si il y a quelques choses que tu ne sent pas chez ton interlocuteur, ben fais confiance à ton instinct, décline poliment la proposition, tu regretteras peut-être de ne pas être monté à l'arrière de ce fourgon sans vue sur la route, mais il faut aussi parfois savoir faire confiance à ses ressentis !
Il ne faut pas que cet article te dégoutte de faire du stop ou te fasse croire que c'est sans dangers, sinon c'est que je n'ai pas réussi à faire passer mon message...
Dans l'idée, garde toujours en tête quelques règles de prudence, consulte les blogs de personnes plus expérimentés que moi, et fais toi un avis personnel! Et n'oublie pas que l'auto-stop ça reste quand même une sacrée aventure, aussi grâce à ces petits côtés imprévisibles!
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