Un tour de France en auto-stop : Première journée
- Adrien et Thomas
- 3 mai 2017
- 6 min de lecture

Nous nous retrouvons, Thomas et moi, la veille du jour j, le dimanche 2 août pour parfaire notre départ. Mon père me dépose devant la pharmacie des parents de Thomas à Rezé, en me faisant promettre d'être prudent. Nous passerons une bonne partie de la journée à peaufiner les derniers détails du voyage : prise de contacts couchsurfing, recherche des meilleurs spots pour sortir des villes, check-list du matériel... La journée se déroule dans une sorte de parenthèse assez particulière, à la fois euphorisante et stressante : ''On part demain!!'', ''Et si ça marche pas?'', ''Tu crois qu'on arrivera à atteindre l'objectif qu'on s'était fixé?'' ... La visite de la copine de Thomas nous fera sortir un peu de notre bulle, avant que nous nous replongions sur nos sacs, laissant ici un pull superflu, prenant là un caleçon supplémentaire. Nous irons finalement nous coucher sans avoir vu passé le temps, fatigué et excité à la fois. C'est à peu près ce que l'on peut dire la veille de notre première journée d'auto-stop, qui ne fut certainement pas la plus simple...

Nous nous réveillons donc un peu avant 7 h du matin, puis quittons Rezé à 7h51 pour être précis, prenons le C4 jusqu'au Bourdonnières où nous arrivons à 8h20. Et là... Patatra! L'endroit où nous voulions stopper, juste après le rond point emmenant vers le périf' nantais, a été clôturé par des piquets! Pour faire simple, nous supposons que la présence régulière d'auto-stoppeur sur cet endroit a poussé la municipalité à poser des piquets, empêchant aux voitures de s'arrêter convenablement, là où elles avaient largement la place avant... Ce qui ne fait absolument pas nos affaires. Après une rapide concertation, nous décidons de remonter en amont, où le trafic est moins dense, moins dirigé dans notre direction, mais où les gens peuvent s'arrêter pour nous... Sauf que ça ne marche pas... Peu de personne là où nous nous sommes installé vont dans notre direction. Finalement, nous prenons la décision de retourner là où les piquets sont installé, c'est à dire à l'emplacement recommandé par Hitchwiki. Et là, l'attente commence... Comment décrire cette situation si nouvelle pour nous? Je pense qu'on se demande tout les deux ce qu'on fout là, un lundi matin de nos vacances d'été où l'on pourrait être au lit, à faire la grasse mat'... Le fait de voir autant de véhicule passer devant nous sans s'arrêter est très frustrant : on se demande si on n'est pas juste deux crétins sur le bord d'une route qui rêvent encore à un moyen de transport révolu. Bref, nous avons le temps de douter mille fois de notre capacité à faire un tour de France en auto-stop quand après 40 minutes d'attente au même endroit, un vieux monsieur s'arrête enfin! Et c'est le début de nos emmerdes! On ne le sait pas encore, mais ce bon Samaritain va nous mettre dans une merde noire!


Mais, et c'est la magie de cette aventure, seulement 5 minutes après avoir recommencé à lever le pouce, un ancienne auto-stoppeuse s'arrête pour nous emmener jusqu'à l'échangeur de Montaigu (Route des Estuaires sur la carte) ! Cela nous met du baume au cœur, et nous redonne du courage pour le reste de la journée! Arrivés à cet échangeur, nous avons l'idée de rajouter un petit ''On est gentils :)'' en dessous de notre destination. Le changement avec les automobilistes est radical : là où ne nous récoltions que de l’indifférence ou des saluts timides, nous avons de véritables sourires et des coups de klaxons. D'ailleurs c'est ce panneau qui nous permettra de faire arrêter notre conductrice suivante, qui l'a trouvé marrant. Cette géographe travaillant à Niort (où se tient tout les 2 ans le Festival International des Clowns, et c'est pas des blagues) nous déposera à la sortie de péage de Sainte-Hermine (La petite Coudraie). Nous aurons le temps d'échanger avec un routier qui nous expliquera qu'il n'y en a plus beaucoup qui prennent des auto-stoppeurs, puisque plus assurés quant à l'embarquement de passagers sans lien avec leur travail... Les routiers le regrettent autant que nous, puisque certains d'entre eux aimaient bien taper la discussion sur de longs trajets monotones... Nous relevons le pouce en direction de La Rochelle, et embarquons rapidement à bord d'une belle berline BMW (si ma mémoire est bonne), avec la clim' -il fait très chaud dehors- et conduite par un jeune entrepreneur qui nous déposera à la périphérie de La Rochelle! Nous nous baladerons dans cette ville très touristique au cœur de l'été, le temps de manger et de nous dégourdir un peu les pattes, avant de lever le pouce une nouvelle fois en direction de Saintes. Après trente minutes d'attentes, un père et sa fille, tout deux comptables, nous emmènerons jusqu'à Saint Jean d'Angély, tout en nous racontant l'histoire des Charentes Maritimes! Nous déambulerons dans les rues de la ville, monterons en haut de la tour de la grosse horloge (photos prise depuis la tour à droite) sur les conseils d'un passant. Nous arriverons en haut au moment ou la cloche nous fracassera les tympans en sonnant 19 heures.

Puis Isabelle, une amie de Thomas qui vit à Saintes viendra nous chercher pour nous emmener dans cette très belle ville. Nous y déambulerons pour voir l'arc de Germanicus, les arènes, les clochers, un ensemble de tags tous plus beaux les uns que les autres au niveau de l'ancien hôpital, tout ça sous un orage qui gronde de plus en plus fort et qui finira par nous tremper sur le retour vers la maison d'Isabelle. Après un repas bien venu, nous nous endormirons en quelques secondes devant un film.
En ce qui concerne nos impressions de stop pour cette première journée, nous sommes ravis d'avoir rempli notre premier objectif! Cependant, à chaque fois qu'on lèvera le pouce sur cette journée et sur quelques autres, on ne pourra s'empêcher de se demander si nos précédentes réussites n'étaient que le fruit d'une folle chance qui va finir par disparaître. Ce qui fait qu'à chaque fois que quelqu'un s'arrête, c'est un pur moment de joie et de surprise pour nous! Beaucoup de gens nous sourient, d'autre nous regardent en faisant un geste indiquant clairement que notre place est au sein d'un hôpital psychiatrique... Enfin, certains nous ignorent complètement, mais nous les oublions vite. Une porte qui s'ouvre pour nous laisser monter, ce sont 100 refus qui s'évanouissent en un quart de seconde, dans les gaz d'échappement du véhicule qui redémarre, avec les deux passagers supplémentaires que nous sommes.

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